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Mais qui est Manuela Morgaine ?

15 Nov 2017

#LivewithMAD Artist MAD Mood of the day Musicians & Designer

LES DÉBUTS D’ENVERS COMPAGNIE


Peux-tu présenter ton parcours et tes réalisations auprès de notre communauté de MADers ?

Depuis 1991 je dirige Envers Compagnie, qui réalise des œuvres pluridisciplinaires, autant de cinéma, d’installations, de performances, de créations radiophoniques, de littératures, de théâtre et d’opéra. Écrire et inventer des formes pour représenter un monde de rechange au nôtre est sans doute ce qui m’anime au jour le jour depuis toutes ces années. Envers Compagnie parce que je ne vais pas souvent dans le sens de la marche, que j’essaye de créer en dehors des sentiers battus et complètement en dehors des institutions de production traditionnelles. Ce qui pourrait lier toutes mes réalisations entre elles, c’est le désir de transporter le spectateur, le lecteur, l’auditeur, dans une quatrième dimension, qu’il voyage à la fois dans des temps très archaïques, qu’il ait l’impression d’être plongé dans un univers mythologique, et en même temps qu’il soit au contact d’une forme contemporaine innovante.

ÉMERGENCE DE TA DÉMARCHE ARTISTIQUE

Quel est selon toi le fil d’Ariane qui a guidé l’ensemble de ton œuvre jusqu’à présent ? Comment es-tu parvenue jusqu’au projet ORAKL ?

Le fil d’Ariane qui m’a guidé au Minotaure, c’est à dire mon labyrinthe artistique présent… C’est une recherche constante qui gratte l’étoffe qui nous constitue. De quoi sommes-nous faits ? À quoi rêvons-nous ? Pourquoi représentons-nous ? Comment fabriquer de la mémoire à partir de notre propre archéologie personnelle ? Et surtout comment rendre compte du monde qui nous entoure, comment en être le reflet sans en être la copie ? Pour cela mon travail n’est pas réaliste, il ne donne pas à voir à lire ou à entendre le monde tel qu’il est mais tel qu’il peut surgir dans nos rêves ou nos cauchemars, tel qu’il surgit en un minotaure précisément au fond de notre labyrinthe mémoriel et sensoriel personnel. Si je remonte le fil de mon histoire, et que je tends ce fil depuis mes origines jusqu’à mon horizon, cela donne quoi ? Je suis arrivée au projet ORAKL parce qu’étant profondément athée et étant non moins préoccupée par les questions du sacré, je me demandais ou pourraient aller toutes celles et tous ceux qui comme moi voudraient se recueillir quelque part, ou questionner ce sacré quelque part dans la ville ailleurs que dans une église, une synagogue ou une mosquée. Lorsque je suis arrivée à Delphes, tout en haut de l’Olympe en Grèce et que j’ai découvert ce lieu consacré à la Pythie qui délivrait de là-haut ces oracles, au fin fond d’une antre, une cavité dans la roche, je me suis dit qu’il fallait réinventer un lieu de ritualisation en pleine ville où les habitants pourraient venir poser des questions, réfléchir, se recueillir. D’une certaine manière, une œuvre d’art à mon sens joue toujours ce rôle-là, de transcendance, de sentiment de dépassement du réel que ressent celle ou celui qui la visite.

DESCRIPTION DU PROJET ORAKL

Pourquoi tiens-tu à réaliser le projet ORAKL ? Que représente-t-il ? Quel est son enjeu culturel, sa portée symbolique ?

Je tiens à réaliser ORAKL tout d’abord parce que cela fait depuis 2003 que ce sujet me fascine. Si cela me tient en haleine depuis si longtemps malgré tous les obstacles rencontrés sur mon chemin pour le réaliser, c’est bien que l’enjeu est très très grand, pas seulement pour moi, mais pour celles et ceux qui viendront le visiter. Je pense que nous sommes nous tous, les artistes, doués de beaucoup d’intuition. Nous savons intuitivement ce qui fait écho au monde.
L’enjeu culturel de l’ORAKL, c’est précisément de revenir à une culture très très ancienne, païenne, qui dépasse même les lieux où prophétisaient la Sibylle de Cumes en Italie, la Pythie de Didyme en Turquie ou de Delphes en Grèce. Cela peut être assimilé à l’expérience que vivaient ceux qui se rendaient à la Bocca della Verita (Bouche de la Vérité) à Rome pour déposer les mensonges des citoyens, ou à des rituels très très contemporains comme celui des Arbres à vœux japonais, du Mur des Lamentations à Jérusalem ou tout un chacun dépose un vœu ou une prière, et même à la pratique des cadenas accrochés à des ponts parisiens…
La portée symbolique d’ORAKL, c’est sa forme de Porte. Si j’ai choisi une porte plutôt qu’une bouche, un labyrinthe ou une grande cavité dans la terre comme à Delphes, c’est parce que la vision de la Porte des Enfers de Rodin, ou celle des Fausses portes des morts Égyptienne qu’on peut voir au Louvre m’a semblé être la forme la plus évidente pour la transmission d’une parole qui ouvrirait un au-delà. Derrière la porte, il y a toujours ce qu’on ne sait pas, ne connait pas et ORAKL dans ses réponses devrait permettre une expérience de franchissement de cette porte fermée sur notre présent et à la fois, comme la porte orakulaire est en glace, une vraie expérience du Miroir.

Peux-tu nous décrire l’expérience que vont vivre les personnes qui consulteront la porte-parole ?

Celles et ceux qui consulteront la porte-parole intitulée ORAKL vont entrer dans un espace ritualisé. Délimité sans doute par des torches de feu. Elles/ils entreront un.e à un.e dans cet espace où se trouvera la porte et le socle des questions. Guidés par un Maître de cérémonie qui leur expliquera toutes les modalités de l’expérience orakulaire, dans un premier temps le consultant montera sur le SOCLE DES QUESTIONS qui sera en résine transparent. Il posera ses pieds dans les empreintes de pieds qu’il verra gravés sur ce socle. Il parlera dans un micro de manière à ce que sa question soit entendue par tous les spectateurs présents. Il fera face à la porte. Dans un délai de 30 secondes au plus, ORAKL lui délivrera sa réponse audible par lui et par tous. La porte-parole s’éclairera à chaque délivrance d’oracles. Puis il laissera sa place au consultant suivant.
L’expérience durera une nuit et un jour, du coucher au lever du soleil.

TA VISION DE MAD

Pourquoi as-tu rejoint la communauté MAD ? Parle-nous de ton côté MAD !

Je pense que mon projet ORAKL et sa folie monumentale – 8 mètres de haut, 15 tonnes d’eau, 4 mois de construction, 15 ans de gestation -, sa durée d’une nuit un jour et le fait qu’il fonde dès le lendemain, sa nature folle suffit à justifier que j’ai rejoint la communauté MAD non ?

Pareil pour mon MAD side : je dirige Envers Compagnie qui travaille à contre courant et sous toutes les formes possibles ou impossibles ; j’ai passé dix ans à produire mon long métrage FOUDRE qui s’est tourné sans production dans neuf pays du monde avec un chasseur d’éclairs, 2 agriculteurs, 1 danseuse en fauteuil, 23 nomades de Syrie qui ramassent des champignons aphrodisiaques sur des terrains militaires dans le désert de Cham ; j’ai traversé la mer à la nage pour rejoindre une île en pleine nuit par amour parce que je n’arrivais pas à attendre le premier bateau du matin ; je travaille autant avec mon coeur, ma salive, de la terre glaise, de la glace, ma caméra, mon ordinateur, mon stylo plume, mon micro ; j’ai engagé un pingouin pour traverser la scène d’un spectacle sur Blanche Neige pendant lequel il a fallu faire du Tai-Chi avec sept personnes de petites tailles ; je suis engagée jour et nuit, corps et âme, par l’idée qu’il faut recoudre le pantalon du monde qui est infiniment troué… donc j’ai du pain sur la planche et là je vis sur un bateau sur l’eau et je viens d’avoir mon permis fluvial et côtier pour pouvoir explorer de nouveaux mondes avec mon chat à qui je viens d’acheter un gilet de sauvetage… je continue l’énumération ?

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